Comment faire un site multilingue adapté pour le référencement SEO ?

Il est tentant de proposer différentes versions de son site Internet, en anglais, en allemand, etc. La création d’un site multilingue nécessite toutefois de se poser les bonnes questions en matière de référencement. D’abord parce que le SEO est avant tout une question d’objectif, ensuite parce qu’il faut se garder de proposer des services en langue étrangère simplement sous l’angle d’une réflexion « offre ». Dans cet article, les explications et les meilleures solutions d’intégrations des langues étrangères sur votre site Web vous sont données au regard des impacts qu’elles génèrent en matière de référencement.

Qu’est-ce qu’un site multilingue ?

Par définition, un site multilingue est un site Internet proposant du contenu dans différentes langues. Un bon exemple de multilingue pourrait être pour une entreprise belge proposant un site en version francophone, flamande et allemande pour les trois langues des internautes belges.

On parle également de site web multirégional pour un site Internet qui cible les internautes de différents pays. On peut prendre par exemple un site français qui a deux versions distinctes du même contenu en anglais et en français pour cibler l’Angleterre et la France.

De fait, il est possible aussi d’avoir pour une même entité des versions à la fois multilingues et multi-régionales. C’est ici par exemple l’entreprise belge proposant une version du site en belge francophone, flamand et allemand mais ayant également une version distincte pour le marché anglais.

Les paramètres multilingues et régionaux dans les sites Internet

Les paramètres multilingues et régionaux, c’est avant tout une réflexion de type marché. Et tenter de percer sur un marché consiste à prendre en compte les besoins exprimés par les consommateurs sur celui-ci. Pour être plus clair, prenons un exemple :

Je propose de la location de voitures en France. Mon marché est composé de :

  • Français résidents en France,
  • Francophones résidents en France,
  • Personnes étrangères sur le sol français,
  • Français à l’étranger souhaitant louer un véhicule pour leur retour en France,
  • Francophones à l’étranger souhaitant prendre le véhicule en France,
  • Étrangers souhaitant louer une voiture pour leur séjour en France.

Vous constaterez ci-dessus que les paramétrages du site multilingue peuvent ainsi particulièrement influencer l’accès à l’information de ces personnes. Mais au-delà, la question est de savoir si Google va bien interpréter le contenu de votre site Internet pour proposer la bonne page aux internautes. Pourquoi, en effet, Google et les autres moteurs de recherche ne proposeraient-ils pas plutôt un autre site pour les résidents étrangers à l’étranger ? Pourquoi, si je suis premier sur « location de voiture » sur Google.fr, je serais également premier sur Google.be en Belgique, Google.ca au Canada, en Afrique francophone ou en Suisse ?

La réponse la plus simple à cette question est : Parce que j’ai pris en compte les paramètres régionaux et linguistiques.

Orienter une stratégie de communication par ciblage géographique et par la langue

Au-delà des aspects purement techniques de la mise ne place de votre site Internet multilingue (sur lesquels nous revenons par la suite de cet article), proposer une version en langue étrangère consiste à prendre en compte les caractéristiques particulières du marché cible.

En SEO, coller à la demande, au besoin exprimé, à l’intention, toujours !

Ainsi, ce qui pourrait-être une bonne idée pour les habitudes de consommation françaises pourrait s’avérer inefficace sur un autre marché, les britanniques, les belges, les allemands… Vous notez par exemple que les designs sur les sites étrangers peuvent changer grandement de nos propres habitudes, marquant des points focaux tout à fait différents. Concernant la recherche, il en est de même.

Par exemple, sur le on-page/on site : un menu avec des ancres adaptées pour votre site français peuvent ne rien signifier du tout en version anglaise, même traduites à l’exact mot près, ce qui pose la question de vos expressions clés en SEO. A quoi bon pousser des pages sur des expressions de recherche inexistantes ? De même, vos produits n’ont peut-être aucun intérêt pour les consommateurs vivant dans d’autres pays, au moins présentés à la française.

Je suis américain, j’ai bien envie d’avoir un affichage des prix en dollar.  Je suis américain, je ne parle pas anglais mais américain.

Bannissez la perception du business orientée « offre », adaptez-vous à la demande !

Certains termes sont aussi des insultes à l’étranger. Pourquoi ne pas avoir ici aussi l’occasion d’avoir une réflexion sur votre marque.

Le mieux est de faire traduire vos documents par des natifs, des personnes ayant une compréhension et une culture de la région cible.

Sur le plan technique

Comme souvent en référencement, les optimisations commencent dès le nom de domaine et l’hébergement. Et parmi les choses tout à fait remarquables, on pensera à avoir un nom de domaine adapté à la cible (la perception de la marque en dépend comme vu plus haut). Il existe dans la pratique trois manières de proposer correctement du contenu dans une autre langue mais concentrons-nous sur la manière de l’organiser à partir du domaine :

Utiliser un nom de domaine national CCTLD pour l’utilisateur et son SEO

Le top, c’est d’avoir un nom de domaine avec une extension du pays cible. Par exemple, un .fr pour un site français, une extension .co.uk pour un site anglais, etc. C’est ce que l’on appelle les noms de domaines nationaux de premier niveau. Les fameux country code top-level domain (CCTLD).

[pastacode lang=”markup” manual=”https%3A%2F%2Fwww.monnomdedomaine.fr%0Ahttps%3A%2F%2Fwww.monnomdedomaine.co.uk” message=”Extensions de domaines CCTLD” highlight=”” provider=”manual”/]

Le hic, c’est qu’il n’est pas toujours possible de déposer un nom de domaine facilement. Par exemple, si vous n’avez pas d’établissement au Maroc, pas possible d’acheter un domaine en .ma.

Le problème aussi est que si vous êtes fidèle à l’idée de vous approcher le plus possible du consommateur final, vous aurez aussi intérêt à avoir un serveur pour votre site dans le pays cible et une ip associée à votre nom de domaine également. Lorsque l’on se tourne vers un hébergeur, il peut être intéressant de vérifier sa capacité à proposer ce type de service et tous ne le font pas. Allez, c’est l’occasion ou jamais d’évoquer les plateformes de création de site Internet prises d’assaut par nombre de personnes (comme Wix ou Jimdo en particulier), elles sont souvent hébergées aux Etats-Unis ou dans d’autres pays, bien loin du marché cible parfois donc…

Exploiter un sous domaine pour les paramétrages linguistiques

C’est probablement la meilleure solution lorsque l’on ne dispose pas du nom de domaine avec une extension nationale CCTLD. Du point de vue SEO, c’est ce que nous vous conseillons dans ce cas. Ce qui peut donner :

[pastacode lang=”markup” manual=”https%3A%2F%2Fen-gb.monnomdedomaine.fr%0Ahttps%3A%2F%2Fit.monomdedomaine.fr” message=”Versions en sous-domaines” highlight=”” provider=”manual”/]

Etc.

Ici on a bien une séparation des langues, on bénéficie beaucoup moins toutefois des paramètres régionaux propres à une extension nationale.

Rien n’empêche toutefois d’utiliser ceci pour bien segmenter l’arborescence de son site Web au regard de la troisième et plus mauvaise solution : Le répertoire langue.

Exploiter le répertoire langue sur un site Internet

Avec un répertoire, cela nous donne ceci :

[pastacode lang=”markup” manual=”https%3A%2F%2Fwww.monnomdedomaiine.fr%2Ffr%2F%0Ahttps%3A%2F%2Fwww.monnomdedomaine.fr%2Fen%2F” message=”Version multilingue en répertoires” highlight=”” provider=”manual”/]

Etc.

C’est probablement la pire des solutions à l’exception des traductions automatiques de type « google traduction » sur la même page. Évidemment, ici aussi vous avez la possibilité de configurer le répertoire avec des contenus propres au marché cible (langue anglaise, américaine, monnaie d’échange, etc.) mais les robots des moteurs de recherche auront plus de mal analyser et différencier les contenus pour afficher un résultat. On perd en efficacité, y compris sur la langue d’origine en créant un répertoire de plus.

L’ajout des balises rel alternate href lang pour la gestion du multilingue

Pour faciliter la compréhension des moteurs, ajouter les balises hreflang permet de marquer les différents contenus d’un site Web. Nous avions déjà évoqué cette question dans ce sujet sur les rel alternate href lang pour WordPress. Dans l’exemple suivant, alors que l’entreprise est américaine par exemple (ici, le nom de domaine principal est un .com), sur la version française monomdedomaine.fr, on voit plusieurs points nécessaires à la mise en place de ces balises :

  • La balise lang dans l’en-tête du document,
  • L’ajout d’une rel canonical,
  • L’ajout d’une rel alternate hreflang x-default (Pour le .com),
  • L’ajout d’une rel alternate hreflang par langue.

 

[pastacode lang=”markup” manual=”%3C!DOCTYPE%20html%3E%0A%3Chtml%20lang%3D%22fr%22%3E%0A%E2%80%A6%0A%3Clink%20rel%3D%22canonical%22%20href%3D%22https%3A%2F%2Fwww.monnomdedomaine.fr%22%3E%0A%3Clink%20rel%3D%22alternate%22%20href%3D%22https%3A%2F%2Fwww.monnomdedomaine.com%2F%22%20hreflang%3D%22en-us%22%3E%0A%3Clink%20rel%3D%22alternate%22%20href%3D%22https%3A%2F%2Fwww.monnomdedomaine.com%2F%22%20hreflang%3D%22x-default%22%3E%0A%3Clink%20rel%3D%22alternate%22%20href%3D%22https%3A%2F%2Fwww.monnomdedomaine.fr%2F%22%20hreflang%3D%22fr%22%3E%0A%3Clink%20rel%3D%22alternate%22%20href%3D%22https%3A%2F%2Fwww.monnomdedomaine.es%2F%22%20hreflang%3D%22es%22%3E%0A%3Clink%20rel%3D%22alternate%22%20href%3D%22https%3A%2F%2Fwww.monnomdedomaine.it%2F%22%20hreflang%3D%22it%22%3E%0A%3Clink%20rel%3D%22alternate%22%20href%3D%22https%3A%2F%2Fwww.monnomdedomaine.co.uk%2F%22%20hreflang%3D%22en-gb%22%3E%0A%3Clink%20rel%3D%22alternate%22%20href%3D%22https%3A%2F%2Fwww.monnomdedomaine.de%2F%22%20hreflang%3D%22de%22%3E” message=”rel alternate href lang” highlight=”” provider=”manual”/]

Ce balisage est indispensable pour que les moteurs de recherche comprennent l’arborescence de votre ou de vos site(s) Internet dans les différentes langues.

La première balise nous précise la langue. Sur le .com, nous aurions <html lang=”en”> puisque ce sont des américains.

La version .fr accessible sur Google.fr nous propose une version par défaut avec le .com et des langues alternatives. L’avantage est ici de personnaliser la recherche pour le .fr si j’utilise Google.fr.

La rel canonical peut jouer un rôle de redirection pour Google. Si j’ai par ailleurs une extension en .be, par exemple monomdedomaine.be, je peux y ajouter le lien canonique suivant :

[pastacode lang=”markup” manual=”%3Clink%20rel%3D%22canonical%22%20href%3D%22https%3A%2F%2Fwww.monnomdedomaine.fr%22%3E” message=”rel canonical” highlight=”” provider=”manual”/]

Et renvoyer ainsi les utilisateurs du moteur de recherche en belgique vers la version française (Pour la page belge monnomdedomaine.be, la balise lang initiale sera elle aussi : <html lang=”en”>).

Dans ce type de configuration, il est possible de bénéficier à la fois des ips serveurs et des noms de domaines des pays cibles. Il est aussi possible d’avoir une version anglaise spécifique pour les anglais avec une terminologie et une sémantique dédiée, une monnaie (la livre) adaptée, une expérience utilisateur optimisée…

L’interdiction européenne sur le blocage géographique

Pour conclure notre sujet, rappelons que l’on ne peut pas tout faire en matière de multilingue : Bloquer ou limiter l’accès de votre site Internet aux clients originaires d’autres États membres ou appliquer à ces derniers des conditions différentes d’accès aux biens ou services qui y sont proposés comme le prix ou les conditions générales sans que cela soit justifié est interdit.

Si, pour reprendre notre exemple, vous avez une version italienne de votre site, mettez en place un sélecteur de langue pour l’internaute qui s’y rend afin qu’il puisse voir la version italienne. Voir à ce titre le règlement (UE) 2018/302 du 28 février 2018 dont la mise en application date du 3 décembre 2018.

L’article 3  du règlement est assez précis :

  1. Un professionnel ne bloque ni ne limite, par l’utilisation de mesures technologiques ou autres, l’accès d’un client à l’interface en ligne du professionnel pour des motifs liés à la nationalité, au lieu de résidence ou au lieu d’établissement du client.
  2. Un professionnel ne redirige pas, pour des motifs liés à la nationalité, au lieu de résidence ou au lieu d’établissement d’un client, ce client vers une version de l’interface en ligne du professionnel qui est différente de l’interface en ligne à laquelle le client a initialement voulu accéder, en raison de son agencement, de son choix de langues ou d’autres caractéristiques qui la rendent spécifique aux clients possédant une nationalité, un lieu de résidence ou un lieu d’établissement déterminés, sauf si le client a expressément donné son consentement à cet effet.

Lorsqu’un client est ainsi redirigé avec son consentement exprès, il continue de pouvoir accéder facilement à la version de l’interface en ligne du professionnel à laquelle il a initialement voulu accéder.

  1. Les interdictions énoncées aux paragraphes 1 et 2 ne sont pas applicables lorsque le blocage ou la limitation de l’accès ou la redirection sont nécessaires en vue de satisfaire une exigence légale applicable aux activités du professionnel, prévue dans le droit de l’Union ou dans la législation d’un État membre conformément au droit de l’Union.

Dans de tels cas, le professionnel fournit une explication claire et spécifique aux clients sur les raisons pour lesquelles le blocage ou la limitation d’accès ou la redirection sont nécessaires à des fins de mise en conformité. Cette explication est rédigée dans la langue de l’interface en ligne à laquelle le client a initialement cherché à accéder.

Source : Europa.eu

Ce règlement concernant les redirections européennes, vous n’y êtes pas tenu pour les versions américaines par exemple.

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