Qu’est-ce qu’un ghostwriter ? Définition du métier à l’heure de l’IA

Par Xavier Deloffre

Dans les coulisses de nombreux best-sellers, discours politiques marquants ou même contenus web percutants, se cachent souvent des professionnels de l’écriture dont le nom n’apparaît nulle part. Ces écrivains de l’ombre sont appelés « ghostwriters ». Aujourd’hui, avec la montée en puissance de l’intelligence artificielle dans les métiers créatifs, la notion de ghostwriting prend une dimension nouvelle, questionnant à la fois le rôle de l’humain et celui de la machine dans la production de contenu.

Le rôle traditionnel du ghostwriter

Un ghostwriter, ou écrivain fantôme en français, est une personne chargée de rédiger du contenu destiné à être signé et publié au nom d’un tiers. Ce contenu peut prendre des formes très variées : livres (romans, autobiographies, essais), discours politiques, articles journalistiques, rapports, newsletters, contenus web, publications sur les réseaux sociaux, voire même chansons ou scénarios de films. L’écrivain fantôme accepte de rester anonyme, dans le cadre d’un accord de confidentialité souvent formalisé par contrat, en échange d’une rémunération. Ce n’est donc pas un plagiat, mais un service rédactionnel professionnel encadré et assumé. Si le terme « ghostwriter » s’est popularisé au XXème siècle, la pratique, elle, remonte à bien plus loin. Déjà dans l’Antiquité, des auteurs anonymes écrivaient pour les puissants. À Rome, l’orateur Cicéron dictait ses discours à son secrétaire Tiron, dont le rôle allait bien au-delà de la simple retranscription. Plus tard, à la cour des rois de France ou d’Angleterre, des écrivains rédigent pour les souverains ou les aristocrates des lettres, des mémoires ou des manifestes sans jamais en signer le moindre mot.

Le mot « ghostwriter » apparaît officiellement au début du XXe siècle aux États-Unis. En 1921, le magazine américain The Saturday Evening Post emploie ce terme pour décrire ceux qui écrivent à la place de personnalités célèbres. L’un des premiers ghostwriters médiatisés fut H. P. Lovecraft, qui a écrit de nombreuses nouvelles pour d’autres auteurs ou pour des commanditaires sans être crédité. Il est aussi documenté que John F. Kennedy a reçu l’aide d’un ghostwriter, Theodore Sorensen, pour son livre Profiles in Courage, récompensé par le prix Pulitzer en 1957.

En France, la tradition existe également, même si le terme anglo-saxon a longtemps été marginalisé. On parle parfois de plume ou de nègre littéraire, un terme aujourd’hui obsolète et inapproprié, remplacé par « écrivain fantôme » ou simplement « rédacteur délégué ». Ce rôle de « plume » s’est institutionnalisé dans le monde politique : plusieurs présidents de la République ont eu recours à des écrivains fantômes. Henri Guaino, par exemple, a marqué les esprits en rédigeant pour Nicolas Sarkozy le discours de Dakar en 2007. Le recours à un ghostwriter s’explique par plusieurs raisons : le manque de temps, la méconnaissance des techniques rédactionnelles, ou encore la difficulté à structurer des idées complexes. Dans les milieux littéraires, politiques et entrepreneuriaux, il est fréquent de déléguer l’écriture à un professionnel capable de capter le style, la voix, les intentions, tout en assurant la fluidité et la qualité du message. On pense par exemple à l’autobiographie de Michelle Obama, Becoming (2018), dont la rédaction a été accompagnée par une équipe éditoriale, même si elle y a aussi participé activement.

Dans le monde de l’édition, certains best-sellers sont entièrement écrits par des ghostwriters. L’auteur américain James Patterson, connu pour ses romans policiers, collabore régulièrement avec des écrivains fantômes à qui il délègue l’écriture sur la base de ses idées et synopsis. Son nom, plus connu du grand public, reste cependant celui qui est mis en avant. À l’ère numérique, le ghostwriting a trouvé un nouveau souffle avec l’explosion des contenus en ligne. De nombreux dirigeants, experts et influenceurs font appel à ces plumes invisibles pour produire des articles de blog, des posts LinkedIn, des newsletters ou des ebooks. Le rôle de l’écrivain fantôme s’est élargi, devenant plus stratégique : il ne s’agit plus seulement de rédiger, mais aussi de comprendre le ton du client, d’intégrer des objectifs marketing, d’optimiser le contenu pour le SEO ou de raconter une histoire de manière engageante.

Ainsi donc, le métier de ghostwriter est profondément lié à l’histoire de la communication écrite. Il repose sur trois piliers fondamentaux :

  • La confiance : Entre le client et le ghostwriter, pour permettre une expression authentique, même par procuration ;
  • L’écoute et l’adaptation : Pour saisir les intentions, la voix, et le style de la personne représentée ;
  • La discrétion : Essentielle, car le ghostwriter œuvre sans apparaître, sans revendication de paternité.

Ce rôle hybride, à la croisée de la création, de l’analyse et du conseil éditorial, continue de se transformer. Mais son essence reste la même : donner une voix à ceux qui n’ont ni le temps ni les mots pour s’exprimer eux-mêmes, tout en restant fidèles à leur pensée.

L’impact de l’intelligence artificielle sur le métier de ghostwriter

Avec l’émergence des modèles d’intelligence artificielle générative, comme ceux développés par OpenAI, Google ou Anthropic, le métier de ghostwriter connaît une transformation profonde. Ces technologies, capables de produire des textes structurés, de répondre à des questions complexes ou d’imiter un style rédactionnel, redéfinissent les contours de la création de contenu. De simples assistants conversationnels, ces outils deviennent aujourd’hui de véritables collaborateurs numériques, parfois utilisés à la place de l’humain. Le tournant s’est amorcé dès 2019 avec l’apparition de GPT-2, un modèle capable de générer des textes étonnamment cohérents. Mais c’est surtout à partir de 2020-2023, avec la démocratisation de GPT-3, puis de GPT-4, que l’utilisation de l’IA dans l’écriture s’est accélérée. Des plateformes comme Jasper, Writesonic, Copy.ai ou Notion AI ont été rapidement adoptées par des professionnels du marketing, des freelances et des agences de communication.

Ces outils permettent de gagner un temps précieux sur les étapes les plus chronophages du processus rédactionnel. En quelques secondes, un ghostwriter peut :

  • générer un plan d’article structuré à partir d’un mot-clé ou d’un brief client,
  • trouver des synonymes, reformuler un passage, ou condenser un texte trop long,
  • proposer des titres optimisés pour le SEO,
  • effectuer une recherche d’idées ou une veille thématique sur un sujet donné.

Loin d’un remplacement automatique de l’humain, l’IA agit ici comme un catalyseur créatif. Le ghostwriter devient alors un « rédacteur augmenté », capable d’utiliser les suggestions de la machine pour affiner, enrichir et polir son travail. Il garde la main sur la structure, le fond, la voix, et surtout sur l’intention narrative. Mais dans certains cas, notamment dans les secteurs à faible exigence éditoriale, l’IA est utilisée en autonomie complète. Des entrepreneurs, des blogueurs ou des créateurs de contenu en ligne délèguent entièrement la rédaction à un outil automatisé, réduisant considérablement les coûts. Cette tendance interroge :

  • Sur la qualité du contenu : L’intelligence artificielle, même avancée, reste limitée dans sa capacité à produire un texte vraiment original, subtil ou contextuellement pertinent. Elle peut générer des phrases fluides, mais souvent sans relief, ni profondeur de sens ;
  • Sur la question de l’éthique : L’absence de transparence concernant la génération automatisée d’un texte soulève des interrogations. Faut-il mentionner qu’un contenu a été produit par une IA ? Quid des droits d’auteur ? À qui appartient vraiment le texte généré ?
  • Sur l’authenticité de la voix : L’un des rôles majeurs d’un ghostwriter humain est de capter la voix, le ton et les émotions de son client. Une IA peut imiter un style, mais elle ne comprend pas la nuance d’un vécu, la complexité d’un message ou la sensibilité d’un récit personnel.

En réponse à ces bouleversements, une nouvelle génération de professionnels de l’écriture émerge : les ghostwriters augmentés. Ces rédacteurs hybrides savent tirer parti de la puissance des outils IA tout en gardant une posture d’auteur, de conseiller éditorial et de curateur de sens. Ils ne se contentent pas de générer du texte ; ils organisent, réécrivent, éditent, vérifient, et surtout, contextualisent. Leur rôle devient plus stratégique : Ils interviennent en amont (compréhension du besoin, ciblage, angle éditorial), pendant (guidage de l’outil IA, ajustement stylistique) et en aval (relecture humaine, ajout d’éléments émotionnels, respect des contraintes éditoriales). L’intelligence artificielle devient un levier de productivité, mais la compétence humaine reste indispensable pour garantir la pertinence, la cohérence narrative et l’impact émotionnel.

Des exemples concrets illustrent cette hybridation : des agences de contenu utilisent ChatGPT pour produire des bases rédactionnelles, mais font intervenir des ghostwriters pour « humaniser » et personnaliser le texte. Des journalistes ou auteurs font appel à l’IA pour générer des ébauches ou des titres, mais conservent la maîtrise du fond. Certains écrivains, comme l’auteur américain Robin Sloan, expérimentent une co-écriture homme-machine, où l’IA devient une sorte de muse technique. Il est aussi notable que les outils IA ne cessent d’évoluer : avec l’intégration de données en temps réel, d’images, d’audio ou de reconnaissance contextuelle, la capacité d’un modèle à « collaborer » avec un humain va s’amplifier. Le ghostwriter du futur pourrait bien être à la fois rédacteur, pilote d’IA, stratège de contenu et expert en narration.

ghoostwriter et ia

L’évolution des compétences et les perspectives du métier de ghostwritter

Le ghostwriting ne disparaît pas avec l’émergence de l’intelligence artificielle : il se transforme, se diversifie, et gagne même en importance dans un écosystème où l’attention est fragmentée et où le contenu est roi. Le métier de ghostwriter ne se limite plus à rédiger dans l’ombre. Il se mue progressivement en un rôle stratégique, multifacette, qui englobe la maîtrise des outils numériques, la connaissance des mécanismes de l’influence et une capacité accrue d’interprétation de la donnée et de l’audience. Autrefois perçu comme un métier presque clandestin, cantonné à l’écriture de livres ou de discours politiques, le ghostwriting est désormais au cœur de la stratégie de marque personnelle, du leadership d’opinion et du contenu à valeur ajoutée. Ce changement de paradigme s’accompagne d’une évolution nette des compétences attendues :

  • La stratégie éditoriale : Le ghostwriter moderne n’est plus un simple exécutant. Il est souvent sollicité pour conseiller sur les thématiques à aborder, déterminer les formats pertinents selon les cibles, adapter le ton à chaque canal (LinkedIn, newsletter, blog, vidéo). Il comprend le positionnement du client, ses enjeux d’image, ses objectifs commerciaux ou politiques, et les traduit en messages clairs et puissants ;
  • L’analyse de données : Pour produire un contenu qui performe, le ghostwriter doit s’approprier les outils de mesure. Il analyse les taux d’ouverture, les taux de clics, les partages, les commentaires, et utilise ces indicateurs pour affiner ses propositions. Les plateformes comme Google Analytics, Semrush, Ahrefs ou encore les tableaux de bord LinkedIn deviennent des alliés précieux pour orienter les choix éditoriaux ;
  • La maîtrise des outils IA : Lécrivain fantôme de demain devra savoir guider une IA générative pour créer des drafts rapides, affiner un message ou enrichir une idée brute. Mais il devra surtout savoir détecter les approximations, reformuler avec naturel, et adapter le contenu à la voix du client. Il devient à la fois technicien et artisan, capable de dompter les algorithmes tout en insufflant une touche profondément humaine au texte final.

En plus de ces compétences techniques, les qualités humaines prennent une place prépondérante. L’écriture à la place d’autrui exige une grande empathie : il faut comprendre les intentions, respecter la sensibilité du client, et souvent travailler dans la plus grande discrétion. La capacité à s’adapter à différents styles rédactionnels, à passer d’un ton institutionnel à une voix plus personnelle ou émotionnelle, est aussi un atout incontournable.

La confidentialité, élément fondateur du ghostwriting, reste une compétence « invisible » mais essentielle. Qu’il travaille pour une personnalité politique, un PDG, un influenceur ou un auteur, le ghostwriter doit savoir s’effacer tout en garantissant la cohérence, la fluidité et l’authenticité du message. C’est une forme de loyauté éditoriale qui se construit dans l’ombre, loin des projecteurs. À mesure que les besoins en communication évoluent, le métier s’étend à de nouveaux formats. Aujourd’hui, un ghostwriter peut être amené à :

  • rédiger des scripts de podcast ou d’interviews à diffuser en ligne ;
  • écrire des scénarios de vidéos courtes pour TikTok, Instagram ou YouTube Shorts ;
  • préparer des bulletins d’information ou newsletters ciblées selon les segments d’audience ;
  • concevoir des contenus conversationnels pour les chatbots, assistants vocaux ou FAQ dynamiques ;
  • produire des livres blancs ou ebooks pour des campagnes de génération de leads B2B ;
  • élaborer des contenus audio ou vidéo scriptés pour des conférences, présentations ou webinaires.

Ce glissement du texte vers des formes plus immersives et multimédia impose au ghostwriter de développer de nouvelles compétences : compréhension du langage oral, sens de la narration rythmée, capacité à créer des effets d’engagement. Il ne s’agit plus seulement de bien écrire, mais d’écrire pour captiver, pour convaincre, pour faire agir.

Les perspectives du métier sont prometteuses. Dans un monde saturé d’informations, la valeur ajoutée d’un contenu bien pensé, bien rédigé, et bien ciblé devient un levier de différenciation. Les entreprises comme les personnalités cherchent à construire une image forte, à se positionner comme expertes ou inspirantes, et c’est souvent à un ghostwriter qu’elles confient cette mission stratégique. On observe par ailleurs une montée en puissance du ghostwriting dans le secteur de l’entrepreneuriat individuel et du personal branding. Les freelances, les coachs, les dirigeants de PME ou les consultants indépendants investissent dans des contenus de qualité pour asseoir leur crédibilité, partager leur vision ou capter de nouveaux clients. Le ghostwriter devient alors un partenaire de long terme, impliqué dans la réflexion, la rédaction, et parfois même la diffusion du contenu.

Enfin, la dimension internationale du métier s’accroît. Grâce aux outils de traduction automatique, à la mondialisation des plateformes et à la standardisation de certains formats, les ghostwriters peuvent désormais travailler pour des clients situés partout dans le monde, en adaptant leur production aux codes culturels et linguistiques locaux.

À l’intersection de la technologie, de la créativité et de la stratégie, le métier de ghostwriter a encore de belles années devant lui. Il exige certes une remise en question permanente, une capacité d’apprentissage continue, et une ouverture à des domaines variés, mais il reste une voie d’excellence pour celles et ceux qui veulent écrire sans forcément signer, mais toujours avec impact.

Xavier Deloffre

Xavier Deloffre

Fondateur de Facem Web, agence implantée à Arras et à Lille (Hauts-de-France), je suis spécialiste du Web Marketing, formateur expérimenté, et blogueur reconnu dans le domaine du Growth Hacking. Passionné par le référencement naturel (SEO) que j'ai découvert en 2009, j'imagine et développe des outils web innovants afin d'optimiser la visibilité de mes clients dans les SERPs. Mon objectif principal : renforcer leur notoriété en ligne par des stratégies digitales efficaces et créatives.

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