Vous avez sans doute déjà croisé les termes « catégories » ou « étiquettes » dans votre tableau de bord WordPress, mais saviez-vous qu’ils font partie d’un concept plus large et fondamental du CMS : la taxonomie ? Utilisée pour organiser le contenu d’un site, la taxonomie joue un rôle clé dans l’architecture éditoriale, la navigation utilisateur et même le référencement naturel. Pour les développeurs comme pour les rédacteurs, bien comprendre ce qu’est une taxonomie dans WordPress permet de concevoir des structures de contenu puissantes et adaptées aux besoins spécifiques d’un projet.
Avant-propos sur la notion de taxonomie
Le mot « taxonomie » vient du grec ancien taxis (ordre) et nomos (loi), littéralement « la loi de l’organisation ». Le terme s’est d’abord imposé dans le monde des sciences naturelles au XVIIIème siècle, notamment grâce au naturaliste suédois Carl von Linné. Ce dernier a posé les bases de la classification biologique moderne avec sa Systema Naturae, une œuvre fondatrice dans laquelle il introduit une hiérarchie des espèces fondée sur des caractéristiques communes. Cette logique de regroupement selon des critères partagés reste à la base de toute taxonomie, qu’elle soit biologique, documentaire ou numérique.
De la bibliothèque au web : L’évolution documentaire
Avant de devenir un concept numérique, la taxonomie a trouvé un prolongement dans les bibliothèques et les sciences de l’information. Melvil Dewey, bibliothécaire américain, développe à la fin du XIXème siècle la classification décimale Dewey, encore utilisée dans de nombreuses bibliothèques pour organiser les ouvrages par thématiques. Ce système hiérarchique, codé par des chiffres, permet une recherche logique et cohérente des ressources, un objectif que l’on retrouve également dans les environnements numériques modernes.
Une notion fondamentale en informatique
Avec l’explosion des données numériques dans les années 1970-1980, les systèmes informatiques commencent à intégrer des mécanismes de classification inspirés des taxonomies. Les bases de données relationnelles comme celles créées par Edgar F. Codd, pionnier du modèle relationnel, structurent les données sous forme de tables liées entre elles par des relations logiques. C’est cette même approche que l’on retrouve, adaptée, dans les systèmes de gestion de contenu modernes (CMS).
La taxonomie informatique devient un outil pour catégoriser, filtrer, retrouver et croiser des informations efficacement. Elle est exploitée dans les systèmes documentaires, les moteurs de recherche, les plateformes e-commerce, et bien sûr dans les CMS comme WordPress, Drupal, Joomla, Typo3 ou encore Magento.
Taxonomie et web sémantique
Avec l’avènement du web sémantique, une autre dimension s’ajoute : il ne s’agit plus seulement de classer, mais de donner du sens aux contenus. Des langages comme RDF (Resource Description Framework), OWL (Web Ontology Language), ou encore les microdonnées HTML permettent aux moteurs comme Google de mieux comprendre la nature des informations grâce à des taxonomies structurées. Ce besoin de sens est devenu vital pour le référencement (SEO), l’accessibilité, et l’interopérabilité des contenus sur le web ouvert.
La place de WordPress dans cette dynamique
WordPress, dès ses premières versions en 2003, a adopté les taxonomies pour structurer les articles avec catégories et étiquettes. L’introduction des custom post types et des taxonomies personnalisées dans WordPress 2.9 (2009) a marqué un tournant majeur dans la flexibilité de l’outil. Cette ouverture a permis aux développeurs de créer des structures de contenus sur mesure pour tous types de projets, du blog personnel au site d’entreprise complexe. Les taxonomies ne sont plus seulement un outil d’organisation, mais un levier de structuration de l’information stratégique, marketing et technique.
Une définition d’une taxonomie dans l’écosystème WordPress
Dans WordPress, une taxonomie est un système de classification permettant de regrouper des contenus selon des critères définis, qu’ils soient hiérarchiques ou non. Le terme lui-même provient du grec ancien taxis (ordre) et nomos (règle), et il est historiquement utilisé dans les sciences naturelles pour désigner les systèmes de classification des espèces vivantes. WordPress a repris ce concept pour structurer ses contenus éditoriaux et permettre une organisation logique, scalable et exploitable aussi bien pour les visiteurs que pour les moteurs de recherche. Depuis ses débuts en 2003, WordPress s’appuie sur un modèle de publication orienté blog. À cette époque, la notion de taxonomie se limitait aux seules catégories, implémentées dès les premières versions (WordPress 0.71). En 2005, avec la sortie de WordPress 2.0, l’introduction des étiquettes (tags) comme nouvelle taxonomie non hiérarchique permet d’ajouter une granularité supplémentaire au contenu, facilitant la navigation transversale et l’indexation. Cette double approche (catégories/étiquettes) devient le socle des taxonomies « par défaut » de WordPress.
Les taxonomies de base dans WordPress
WordPress intègre par défaut deux taxonomies principales destinées aux publications classiques (type de contenu post
). Ces taxonomies permettent de structurer les articles, d’en faciliter la navigation et d’améliorer leur lisibilité sémantique pour les moteurs de recherche. Voici leur description :
Taxonomie | Description |
---|---|
categories | Taxonomie hiérarchique. Elle permet d’organiser les contenus en grandes sections thématiques. Les catégories peuvent contenir des sous-catégories, créant ainsi une arborescence utile pour la structuration du site. Exemple : « Actualités » > « Économie » > « Startups ». |
post_tag | Taxonomie non hiérarchique. Appelée couramment « étiquettes » ou « tags », elle permet d’associer des mots-clés à un article pour le relier à d’autres contenus connexes. Contrairement aux catégories, les tags ne possèdent pas de structure imbriquée. |
Ces deux taxonomies sont intégrées dans l’interface de publication de WordPress depuis ses premières années, et gérées automatiquement par le système de gestion de contenu. Chaque article peut ainsi être associé à plusieurs termes issus de ces taxonomies, offrant une meilleure lisibilité du contenu, une navigation transversale plus fluide (via les pages d’archives générées automatiquement), et une structure appréciée des moteurs de recherche pour le maillage interne et le SEO. Avec WordPress 2.3 (publiée en septembre 2007), un cap technique important est franchi : la taxonomie devient une API extensible. Cela permet désormais aux développeurs de définir leurs propres taxonomies personnalisées (custom taxonomies), élargissant considérablement les possibilités d’organisation du contenu. Cet ajout est alors fondamental dans la transition de WordPress, d’un simple outil de blogging à un véritable CMS complet capable de supporter des architectures complexes pour l’e-commerce, les portails d’actualités, les répertoires professionnels, etc.
Depuis cette évolution, les taxonomies jouent un rôle essentiel dans la construction de contenus riches et bien organisés. Elles peuvent être utilisées avec des types de contenus standards (posts, pages), mais aussi avec des Custom Post Types introduits officiellement dans WordPress 3.0 (juin 2010). Ensemble, ces deux fonctionnalités forment l’ossature des sites WordPress les plus complexes. La notion de taxonomie dans WordPress a ainsi évolué d’un simple outil de blog vers un système puissant et modulable de classification. Elle constitue aujourd’hui une pierre angulaire de l’architecture de contenu, qui mérite d’être comprise, optimisée et exploitée pleinement dans tous les projets professionnels sur WordPress.
Les taxonomies personnalisées dans WordPress : Un levier puissant pour les développeurs
WordPress ne se limite pas à ses deux taxonomies par défaut. Dès la version 2.3 sortie en 2007, le CMS a introduit la notion de taxonomies personnalisées (custom taxonomies), offrant ainsi aux développeurs une souplesse structurelle sans précédent. Ces taxonomies sont déclarées grâce à la fonction register_taxonomy()
, que l’on peut inclure dans le fichier functions.php
d’un thème ou dans un plugin dédié (comme Custom Post Type UI ou Advanced Custom Fields). Les taxonomies personnalisées permettent de regrouper des contenus selon des logiques métiers spécifiques. Elles sont particulièrement utiles lorsqu’on travaille avec des types de contenus personnalisés (Custom Post Types), introduits officiellement avec WordPress 3.0 en 2010. Grâce à elles, un site peut proposer des filtres de navigation avancés, des pages d’archives sur mesure, et une organisation cohérente de l’information. Voici quelques exemples concrets d’usages de taxonomies personnalisées selon différents secteurs d’activité :
Exemple de site | Taxonomie personnalisée & usage |
---|---|
Site de recettes de cuisine | type_de_plat : permet de classer les recettes en « entrée », « plat principal », « dessert ». Utile pour le tri, la recherche ou l’affichage contextuel sur le front-end. |
Blog cinéma | genre : pour regrouper les critiques par type de film comme « action », « drame », « comédie », « science-fiction », etc. Peut être utilisé pour créer des pages d’archives dynamiques par genre. |
Annuaire professionnel | secteur_activite : utile pour filtrer les entreprises par domaine : « santé », « bâtiment », « finance », etc. Pratique pour la recherche interne ou le SEO local. |
Portail immobilier | type_de_bien : distingue les annonces de « maison », « appartement », « local commercial », avec possibilité d’afficher un modèle de fiche différent selon le terme choisi. |
Site de formation | niveau_difficulte : pour catégoriser les cours en « débutant », « intermédiaire », « expert ». Permet une navigation adaptée aux utilisateurs selon leur profil. |
Site événementiel | type_evenement : classification des événements en « conférence », « atelier », « webinaire », « salon ». Combine bien avec des dates personnalisées et un calendrier dynamique. |
Une fois enregistrées, ces taxonomies peuvent être entièrement intégrées dans l’écosystème WordPress : elles apparaissent dans le tableau de bord, acceptent des permaliens personnalisés, peuvent être appelées via les templates (get_the_terms()
, has_term()
), et sont exploitables dans les boucles personnalisées (WP_Query
, query_vars
).
Les taxonomies personnalisées sur WP sont donc bien plus qu’un simple ajout technique : Elles deviennent un outil stratégique pour concevoir des sites riches, organisés, scalables et performants, tout en respectant les standards du CMS. Dans le développement sur mesure, elles sont aujourd’hui aussi fondamentales que les types de contenus personnalisés.
Exploiter les taxonomies dans le code : Requêtes personnalisées et filtres dynamiques
Les taxonomies WordPress peuvent être exploitées bien au-delà de leur interface d’administration. Grâce aux fonctions natives du CMS, il est possible de construire des requêtes conditionnelles, des listes dynamiques ou des pages filtrées selon les termes d’une taxonomie. Cela permet de créer une expérience de navigation très fine et parfaitement adaptée au contenu éditorial.
Exemple de requête avec WP_Query
et tax_query
Le tableau suivant montre une requête ciblant un type de contenu personnalisé (recette
) associé à un terme spécifique (dessert
) dans une taxonomie personnalisée (type_de_plat
) :
<?php
$args = [
'post_type' => 'recette',
'tax_query' => [
[
'taxonomy' => 'type_de_plat',
'field' => 'slug',
'terms' => 'dessert'
]
]
];
$query = new WP_Query($args);
?>
Afficher dynamiquement tous les termes d’une taxonomie
WordPress permet également de générer automatiquement une liste HTML de tous les termes d’une taxonomie, par exemple pour créer un système de filtres frontend ou un menu thématique :
<?php
$terms = get_terms([
'taxonomy' => 'type_de_bien',
'hide_empty' => true
]);
if (!empty($terms) && !is_wp_error($terms)) {
echo '<ul class="taxonomie-filtres">';
foreach ($terms as $term) {
echo '<li><a href="' . get_term_link($term) . '">' . esc_html($term->name) . '</a></li>';
}
echo '</ul>';
}
?>
L’optimisation avancée avec pre_get_posts
Pour filtrer des résultats dans les archives ou sur des pages de type spécifique, le hook pre_get_posts
permet de modifier la requête principale de WordPress avant son exécution :
<?php
add_action('pre_get_posts', function($query) {
if (!is_admin() && $query->is_main_query() && is_post_type_archive('recette')) {
$query->set('tax_query', [
[
'taxonomy' => 'type_de_plat',
'field' => 'slug',
'terms' => 'plat-principal'
]
]);
}
});
?>
Ces techniques permettent de tirer pleinement parti du système de taxonomies WordPress, tant pour la structuration que pour l’interaction dynamique avec les contenus du site.
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