Quels sont les moteurs de recherche les plus utilisés ? Google peut-il être menacé ?

Par Nicolas Ooghe

Quels sont les moteurs de recherche les plus utilisés ? Voilà bien une question qu’il est tout à fait légitime de se poser quand on exerce dans le domaine du référencement naturel ou que l’on s’intéresse au SEO de près, même sans que ce soit votre métier. Et la question a vraiment de quoi être posée ces derniers temps alors que l’hégémonie de Google semble de moins en moins affirmée pour tout ce qui concerne le trafic issu du référencement naturel des sites. Alors, sommes-nous vers un changement de cycle ? Rien n’est moins sûr pour autant, mais tentons tout de même de préciser quels sont les moteurs de recherches les plus utilisés et de préciser l’évolution qui se dessine en la matière.

Évolution de l’utilisation des moteurs de recherches

Si vous êtes webmaster, éditeur de contenu ou responsable SEO, vous avez probablement remarqué une évolution discrète mais constante dans vos rapports d’analyse de trafic : la diversification des moteurs de recherche référents. Bien que Google conserve une position ultra-dominante à l’échelle mondiale, la part de marché cumulée des moteurs dits « alternatifs » commence à prendre une forme significative, en particulier sur certains profils d’utilisateurs plus sensibles à la confidentialité, à l’éthique ou à la technologie. Les moteurs historiques comme Bing et Yahoo! ont toujours représenté des parts de marché secondaires en Europe, souvent en dessous de 5 % combinés. Bing profite de son intégration native à Windows et à Edge, mais cela ne l’a jamais propulsé au rang de concurrent sérieux face à Google. Quant à Yahoo!, autrefois pionnier du Web, il poursuit une lente mais prévisible disparition du paysage numérique, utilisé principalement par un public plus âgé ou en Asie dans certains contextes locaux. En parallèle, depuis quelques années, on observe une émergence progressive de moteurs de recherche dits « alternatifs », portés par des valeurs différentes ou des innovations techniques spécifiques. Ecosia, avec son modèle éthique reposant sur la plantation d’arbres, Qwant en France avec sa promesse de respect de la vie privée, ou encore DuckDuckGo aux États-Unis, qui refuse le traçage des utilisateurs, sont autant d’exemples de cette nouvelle vague. Leur croissance reste modeste en parts de marché globales, mais significative dans certaines niches ou auprès d’un public soucieux de souveraineté numérique.

Des moteurs IA qui redéfinissent l’expérience de recherche

Mais depuis 2023-2024, l’évolution la plus marquante du secteur tient à l’irruption d’une nouvelle catégorie d’acteurs : les moteurs de recherche basés sur l’intelligence artificielle générative. Leur objectif n’est plus seulement de fournir des liens bleus, mais d’apporter des réponses directes, synthétiques, contextualisées — un changement de paradigme majeur dans l’expérience de recherche.

Parmi ces nouveaux entrants, dont le fonctionnement du moteur de recherche reste assez similaire en vérité, on peut citer :

  • Perplexity AI : moteur conversationnel basé sur un large modèle de langage, combinant résultats sourcés et réponses générées en temps réel. Très utilisé dans le monde anglo-saxon par les professionnels et étudiants ;
  • Andi : un moteur visuel et conversationnel qui tente de rendre les résultats de recherche plus digestes grâce à une interface épurée, avec peu de publicité ;
  • Brave Search : bien que basé sur son propre index, il intègre désormais une fonctionnalité appelée Summarizer, capable de générer une réponse synthétique au-dessus des résultats classiques ;
  • Microsoft Copilot dans Bing : intégré depuis début 2023, il propose des réponses générées par GPT directement dans la SERP (Search Engine Results Page), modifiant le rapport à la navigation et aux clics.

Ces moteurs IA ne se contentent plus de lister des ressources : ils s’inscrivent dans une logique de recherche conversationnelle, où l’utilisateur pose des questions naturelles, parfois complexes, et reçoit des synthèses contextualisées. C’est un bouleversement du comportement utilisateur, avec des conséquences encore difficiles à mesurer sur le SEO traditionnel.

Un changement lent mais structurel dans les habitudes

Il serait prématuré de parler d’un effondrement de Google, dont la part de marché avoisine toujours les 90 % en France et dans de nombreux pays occidentaux. Toutefois, la multiplication des alternatives — qu’elles soient éthiques, locales ou basées sur l’IA — montre que la confiance exclusive envers Google commence à se fissurer. La recherche d’une réponse personnalisée, rapide, contextualisée pousse les internautes vers des interfaces différentes. Ce phénomène est encore plus marqué chez les plus jeunes générations (Gen Z), qui adoptent facilement les assistants IA comme outils de recherche quotidiens, en parallèle de Google.

D’un point de vue analytique, les outils comme Matomo ou même Google Analytics commencent à capter du trafic provenant de sources jusqu’alors marginales. Cela oblige les professionnels du SEO à élargir leur veille, à adapter leurs contenus aux nouveaux modes de consultation, et à considérer des indicateurs de visibilité qui ne se limitent plus uniquement à la SERP de Google. Si aucun moteur n’a encore sérieusement ébranlé la domination du géant californien, l’écosystème de la recherche s’est fragmenté. Et cela ne va que s’accélérer avec l’essor des IA génératives, le développement de moteurs verticaux spécialisés, et les politiques de régulation européennes (DMA, RGPD) qui pourraient redéfinir les règles du jeu dans les mois à venir.

Ainsi, nous vivons moins une révolution qu’une transition progressive vers un paysage où plusieurs moteurs cohabitent, chacun avec ses spécificités, ses usages et son public. Pour le moment, Google reste le point d’ancrage, mais l’équilibre se fragilise lentement mais sûrement.

Google a-t-il quelque chose à craindre des autres moteurs ?

En tant que leader incontesté du marché depuis deux décennies, Google bénéficie d’un écosystème dominant, d’une infrastructure ultra-performante et d’une intégration systématique dans tous les usages numériques : smartphones Android, navigateurs Chrome, assistants vocaux, messageries, cloud, et bien sûr Gmail. Pourtant, plusieurs signaux faibles tendent à montrer que la suprématie de Google pourrait être remise en question à moyen terme, du moins dans certains contextes ou segments d’utilisateurs.

Une innovation en sommeil du côté du moteur de recherche

Alors que Google continue de lancer de nouveaux services, d’investir dans l’intelligence artificielle et de développer Android, son moteur de recherche — pourtant son produit fondateur — semble évoluer à un rythme plus lent. Le modèle économique reste fortement basé sur la publicité, et les innovations récentes portent davantage sur l’interface (extraits enrichis, résultats visuels) que sur le cœur de l’algorithme. Certes, des mises à jour comme Helpful Content, E-E-A-T ou Spam Update ont vu le jour, mais l’évolution globale du moteur semble s’orienter vers une complexification de la présentation plus que vers une réelle transformation de la logique de recherche. Pendant ce temps, de nouveaux acteurs n’hésitent pas à proposer des alternatives radicalement différentes, plus conversationnelles, plus respectueuses de la vie privée ou tout simplement plus ergonomiques.

La confiance des utilisateurs : Un terrain glissant

Depuis les scandales liés à la protection des données personnelles (notamment le RGPD, les amendes infligées par l’Union européenne ou encore les procès antitrust aux États-Unis), la réputation de Google s’est ternie auprès d’un certain public. Si la majorité des internautes continuent d’utiliser Google par habitude, une frange croissante recherche des alternatives plus éthiques, plus transparentes, ou tout simplement moins intrusives. C’est dans ce contexte que des moteurs comme DuckDuckGo, Qwant (Hip Hip Hip cocorico…) ou Ecosia parviennent à gagner des parts de marché, très très modestes certes, mais réelles. Leurs messages sont simples : pas de tracking, pas de bulle de filtre, un engagement éthique ou écologique affirmé. À l’échelle française, Qwant bénéficie même d’un soutien institutionnel et Ecosia joue sur une communication forte autour de la reforestation. Cette différenciation attire particulièrement les jeunes générations et les utilisateurs professionnels sensibilisés à la cybersécurité.

Des concurrents stratégiques plus dangereux qu’avant

Il ne faut pas sous-estimer non plus la montée en puissance de concurrents puissants comme Microsoft via Bing, notamment depuis l’intégration de l’IA générative dans son moteur. Grâce à Copilot (anciennement Bing Chat), Microsoft propose une expérience de recherche augmentée, fondée sur des réponses complètes, générées en langage naturel, avec sources intégrées. Et l’impact est déjà visible : selon certaines estimations, le trafic vers Bing a connu une hausse notable au premier semestre 2024, principalement grâce à l’adoption croissante de Copilot et son intégration dans les environnements Windows 11, Microsoft 365, mais aussi le navigateur Edge. On observe également une montée en puissance de Brave Search, Startpage, ou encore You.com, qui réinventent l’expérience utilisateur, notamment en incluant des filtres personnalisables, des résumés IA ou des affichages adaptés aux intentions.

Un précédent à méditer : le cas Yahoo!

Si la domination de Google paraît aujourd’hui inébranlable, l’histoire du web nous enseigne que rien n’est immuable. Yahoo!, autrefois leader du marché, a été progressivement marginalisé faute d’innovation et de clarté stratégique. D’autres géants de la tech, comme Netscape ou AOL, ont connu des chutes vertigineuses en quelques années. Le marché des moteurs de recherche reste extrêmement sensible aux changements de comportement, à la réglementation, à l’évolution des interfaces et à l’émergence de nouveaux usages. Dans un contexte où la recherche classique est remise en question par l’essor de l’IA, où les utilisateurs consultent TikTok ou Reddit pour trouver des réponses, et où les navigateurs eux-mêmes deviennent des plateformes intelligentes, Google ne peut se permettre de négliger son produit-phare.

Des défis technologiques et réglementaires de plus en plus pressants

Google doit désormais composer avec une série de contraintes majeures :

  • La régulation européenne (Digital Markets Act, RGPD, transparence des algorithmes),
  • Les procès antitrust en cours aux États-Unis qui pourraient remettre en cause ses accords avec Apple ou Samsung,
  • La dépendance à un modèle économique publicitaire parfois jugé trop envahissant,
  • La montée de la recherche sans clic, réduisant l’intérêt pour les éditeurs et créateurs de contenu.

Face à ces défis, il serait stratégique pour Google de renforcer l’évolution de son moteur de recherche, d’adopter une transparence accrue sur les données personnelles et les critères de classement, et de répondre plus rapidement aux nouveaux usages induits par l’IA générative.

Google en position dominante, mais plus seul sur le terrain

Google conserve une avance technologique et financière considérable. Son moteur est toujours, de très loin, le plus utilisé dans le monde. Mais les signes d’érosion sont là : une méfiance croissante, une concurrence plus agile, et une attente renouvelée en matière de simplicité, d’éthique et de performance. Le risque d’un bouleversement brutal est faible à court terme, mais Google ne peut plus se permettre de considérer sa position comme acquise. Il ne suffit plus d’être le plus rapide ou le plus complet : encore faut-il être le plus utile, le plus lisible, le plus respectueux des utilisateurs. Et sur ce terrain, des moteurs alternatifs, petits mais agiles, progressent jour après jour.

Nicolas Ooghe

Nicolas Ooghe

2 Commentaires

  1. Denis

    En tant qu’utilisateur fréquent d’Internet et adepte de recherche je commence un peu à me lasser des recherches sur Google. Les résultats ne sont pas assez satisfaisants et pourtant en utilisant d’autres moteurs je suis en mesure de trouver des informations plus rapidement. Cependant, cela dépend également des sujets.

  2. Xavier Deloffre

    Merci @Denis pour votre commentaire. Pour votre usage, vous utilisez prioritairement quel moteur ? Qwant, Bing, Lilo, Duck Duck Go ? …

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