Qu’est-ce qu’un troll ? Définition en social media, manières de réagir

Par Xavier Deloffre

Vous êtes paisiblement en train de lire les commentaires sous un post Instagram, un tweet ou une vidéo YouTube, quand soudain, un internaute semble semer le trouble. Il provoque, ironise, ou déforme les propos sans réel fondement. Il ne cherche pas à échanger, mais à faire réagir. Bienvenue dans le monde des trolls. Sur les réseaux sociaux, la présence de ces utilisateurs problématiques est devenue un véritable phénomène numérique, parfois nuisible, parfois simplement agaçant. Mais alors, qu’est-ce qu’un troll en social media ? D’où vient ce terme ? Comment le reconnaître ? Et surtout, comment y réagir ? Cet article vous propose une plongée dans l’univers du trolling à l’ère des plateformes numériques.

Définition et origines du troll numérique

Le troll numérique, dans le contexte des réseaux sociaux, désigne un individu qui intervient dans une discussion publique ou semi-publique dans le but délibéré de perturber les échanges. Son objectif n’est ni d’argumenter ni de contribuer à la conversation de manière constructive : il cherche plutôt à provoquer, à déranger, voire à déstabiliser psychologiquement les autres utilisateurs. Il le fait souvent en usant d’ironie, d’agressivité passive, d’insultes déguisées, ou de provocations absurdes.

Le terme “troll” ne vient pas des usages numériques modernes, même si c’est dans cet environnement qu’il a prospéré. Son histoire est en réalité plus ancienne et mêle culture populaire, traditions orales et détournement linguistique.

Dans la mythologie scandinave, les trolls sont des créatures monstrueuses, généralement solitaires, vivant dans des grottes ou des forêts sombres. Ils apparaissent dans les sagas islandaises dès le XIIIe siècle et dans de nombreux contes populaires norvégiens, comme ceux recueillis par Peter Christen Asbjørnsen et Jørgen Moe au XIXe siècle. Loin d’être simplement bêtes et méchants, ces êtres étaient souvent rusés, imprévisibles et dangereux pour les humains qui croisaient leur chemin. C’est cette nature dérangeante et perturbatrice qui a inspiré la métaphore moderne du troll numérique.

Le glissement vers le numérique a commencé dans les années 1980-1990 avec l’émergence des premiers forums de discussion sur internet, notamment Usenet, un réseau de groupes de discussion décentralisé créé en 1980 par Tom Truscott et Jim Ellis à l’université Duke (Caroline du Nord). À cette époque, les communautés en ligne étaient relativement restreintes, mais déjà, certains utilisateurs profitaient de l’anonymat pour poster des messages absurdes ou provocateurs, simplement pour « voir la réaction ».

Le mot “troll” apparaît alors dans le jargon de ces communautés anglophones. Il ne fait pas directement référence aux créatures nordiques, mais à une technique de pêche : le trolling, qui consiste à traîner lentement un appât derrière un bateau pour attraper des poissons. Appliqué au numérique, “to troll” signifie donc “lancer une provocation” pour faire réagir quelqu’un — exactement comme on tend un piège. Ce double sens, à la fois culturel et métaphorique, a rapidement été adopté dans les milieux tech et universitaires, notamment au MIT (Massachusetts Institute of Technology), où l’on trouve les premières mentions documentées du mot dans des échanges internes dès 1991. Durant les années 2000, le phénomène devient plus visible, notamment avec l’apparition de communautés comme 4chan ou les débuts de Reddit (lancé en 2005). Ces plateformes, basées sur le pseudonymat ou l’anonymat total, deviennent des terrains de jeu idéaux pour les trolls, qui y développent des “cultures du chaos” faites de memes, de blagues privées et de campagnes de provocation massives (comme les raids de commentaires ou les détournements d’images).

Le tournant majeur arrive avec l’explosion des réseaux sociaux grand public à partir de 2006-2010. L’arrivée de Facebook, puis de Twitter, Instagram, Snapchat, et plus récemment TikTok, crée un environnement propice à la viralité… et donc à la provocation. Les trolls ne s’en prennent plus seulement aux petites communautés d’initiés, mais visent des cibles plus larges : personnalités publiques, marques, journalistes, activistes ou anonymes. Le trolling prend alors de multiples formes : Commentaires haineux, harcèlement en meute, fausses informations, détournements malveillants… Certains cas deviennent tristement célèbres, comme les campagnes d’intimidation contre les femmes dans le monde du jeu vidéo (affaire Gamergate, 2014), ou les interférences dans les débats politiques à travers des armées de faux comptes (Russie, États-Unis, Brexit). Dans ce nouveau paysage, le troll numérique peut être :

  • un individu isolé et provocateur, qui agit seul pour le “fun” ;
  • un groupe structuré, souvent coordonné via des forums ou des messageries privées ;
  • un troll professionnel, payé pour manipuler l’opinion publique ou nuire à une organisation (on parle alors de troll factory, comme en Russie avec l’Internet Research Agency).

Ce qui distingue toujours le troll d’un simple critique, c’est son intention première : provoquer sans participer, déclencher sans construire. Il n’a pas d’intérêt pour le fond de la discussion, mais pour la manière dont il peut la désorganiser ou la détourner à son profit.

types principaux de trolls

Principaux types de trolls

Les différents types de trolling sur les réseaux sociaux

Si l’on associe souvent le troll à un internaute solitaire caché derrière son clavier, cette vision simpliste ne rend pas compte de la diversité des profils et des stratégies de perturbation qui existent en ligne. Avec l’évolution des plateformes numériques, les formes de trolling se sont multipliées et complexifiées. Les trolls ne sont pas tous motivés par le même objectif, ni animés par les mêmes méthodes. Certains cherchent la provocation gratuite, d’autres poursuivent un agenda idéologique, commercial ou politique. Certains sont visibles, bruyants et grossiers ; d’autres agissent de manière plus subtile, insidieuse, parfois même organisée. Voici un panorama des principaux types de trolls que l’on retrouve aujourd’hui sur les réseaux sociaux :

Type de troll Comportement caractéristique
Le provocateur Il cherche la confrontation directe. En postant des messages volontairement choquants (insultes, propos discriminatoires, détournements vulgaires), son objectif est de faire réagir par la colère ou l’indignation. Ce type de troll s’épanouit particulièrement dans les commentaires d’actualités ou sous les posts sensibles.
Le moqueur Spécialiste du sarcasme, il utilise l’humour, souvent grinçant ou cynique, pour tourner en dérision des personnes, des causes ou des contenus. Il se cache souvent derrière la “liberté d’expression” ou la “blague” pour éviter toute responsabilité. Ce type de troll est fréquent sur X (ex-Twitter) ou Reddit, où l’humour est valorisé, même lorsqu’il frôle le harcèlement.
Le spammeur Il noie les fils de discussion sous des messages répétitifs, des emojis en masse, des liens douteux ou du contenu promotionnel. L’objectif est de rendre une conversation illisible ou de détourner l’attention. Ce comportement est fréquent dans les sections de commentaires de vidéos virales ou lors d’événements en direct sur les réseaux.
Le conspirationniste Il s’infiltre dans les débats pour y distiller des doutes, souvent en citant de fausses sources, en partageant des rumeurs ou en accusant des figures publiques de complots. Son objectif est de créer la confusion, de détourner la discussion initiale et parfois même de radicaliser certains utilisateurs. Il s’agit d’un des profils les plus dangereux à l’ère des fake news.
Le troll politique ou militant Ce type de troll n’agit pas toujours seul. Parfois issu de campagnes coordonnées (propagande étatique, mouvements extrémistes, lobbies), il intervient pour défendre une cause, décrédibiliser un opposant ou manipuler une discussion. Il utilise des comptes multiples ou des bots, et opère souvent en groupe pour influencer les algorithmes ou noyer le débat.
Le faux naïf Il prend l’apparence d’un utilisateur mal informé, posant des questions absurdes ou volontairement décalées. Il cherche à faire perdre patience aux autres, à détourner le fil de discussion par des demandes répétées ou à semer le doute sur des évidences. C’est un troll particulièrement toxique dans les groupes d’entraide ou les forums techniques.
Le troll culturel Il se spécialise dans les attaques ciblées sur des figures ou œuvres populaires (films, musiques, jeux vidéo) simplement pour créer des polémiques. Il n’a pas nécessairement d’avis tranché, mais surfe sur l’émotion des fans pour déclencher une avalanche de réactions. On le voit souvent lors de sorties très attendues ou dans des débats communautaires sensibles.
Le troll satirique Parfois plus subtil, ce troll adopte le ton et le style d’un discours sérieux, mais pousse à l’absurde pour ridiculiser un sujet ou une personne. Il peut parfois être confondu avec un vrai participant, ce qui renforce la confusion. Ce type de troll est courant dans les débats politiques ou sociaux sur des plateformes comme X ou Facebook.

Ce qui relie tous ces profils, malgré leurs différences, c’est leur refus du dialogue constructif. Le troll est avant tout un perturbateur. Il n’est pas motivé par la recherche d’une vérité ou d’un consensus, mais par le plaisir de semer le désordre, d’observer les réactions, voire de les amplifier. Dans certains cas, il agit de manière isolée et spontanée ; dans d’autres, il participe à une logique organisée de désinformation ou de manipulation sociale.

Le comportement du troll peut également évoluer selon le contexte : un utilisateur habituellement neutre peut adopter une posture trollesque sous le coup d’une émotion forte ou dans un espace perçu comme hostile. De même, certains trolls deviennent progressivement des harceleurs, franchissant la ligne entre provocation et violence verbale ciblée.

Avec l’évolution des technologies, certains trolls automatisent même leur activité. On parle alors de trollbots : Des programmes pilotés pour poster massivement des messages dans des fils de discussion ciblés, souvent utilisés dans des campagnes d’influence politique ou commerciale.

reagir face aux trolls

Bien réagir face aux trolls sur les réseaux sociaux

Comment réagir face à un troll en social media ?

Face aux trolls, la réaction instinctive est souvent de répondre sur le ton de l’émotion : se justifier, contre-attaquer ou tenter de rétablir la vérité. Pourtant, c’est précisément ce que recherchent les trolls : attirer l’attention, déclencher une polémique, semer la confusion. C’est pourquoi il est essentiel, pour tous les acteurs du numérique (qu’il s’agisse de marques, de créateurs de contenu, de community managers ou de simples utilisateurs) d’adopter une stratégie claire de gestion des comportements trollesques. Voici les approches les plus efficaces :

  • Ne pas nourrir le troll : Cette règle est connue depuis les débuts d’Internet sous l’expression anglaise “Don’t feed the troll”. Répondre à un troll revient à lui donner du carburant. Même une réponse rationnelle peut être retournée ou déformée. Le silence, en revanche, le prive de son objectif principal : susciter une réaction ;
  • Modérer rapidement et fermement : Sur Facebook, Instagram, TikTok, X (ex-Twitter) ou LinkedIn, des outils de modération sont disponibles : suppression manuelle de commentaires, filtrage automatique de mots-clés, limitation des réponses aux abonnés, désactivation des commentaires, etc. Un modérateur réactif limite la propagation du trolling et rassure les autres membres de la communauté ;
  • Utiliser l’humour ou la neutralité : Parfois, une réponse décalée, légère ou factuelle peut désamorcer la tension. Ce choix demande du discernement : il ne fonctionne que si le troll n’est pas malveillant au point de dériver vers le harcèlement ou les propos haineux ;
  • Signaler le comportement : Chaque plateforme propose un système de signalement. Sur X, par exemple, vous pouvez signaler un tweet ou un utilisateur pour contenu abusif, incitation à la haine, harcèlement ou spam. Accumuler ces signalements peut entraîner des restrictions, suspensions ou suppressions de compte par la plateforme ;
  • Éduquer et responsabiliser sa communauté : En publiant un message clair sur votre politique de modération (chartes, épinglés, stories, publications dédiées), vous montrez que votre espace n’est pas un défouloir. Encourager vos abonnés à ne pas répondre aux trolls permet de couper court à la spirale des réactions.

Pour les marques et institutions, les enjeux sont encore plus sensibles. Un simple troll mal intentionné peut détourner une campagne, nuire à la perception d’un produit ou faire dérailler un lancement. Lors de certaines polémiques, des trolls se sont infiltrés dans les espaces de discussion pour y glisser des messages politiquement sensibles, déformant la communication initiale. Dans ces cas, une réponse trop tardive ou mal formulée peut être partagée, détournée et amplifiée, ce qui transforme un incident mineur en crise digitale majeure.

Il est donc essentiel d’intégrer la gestion des trolls dans une stratégie globale de veille et de gestion de l’e-réputation. Cela passe par :

  • la formation des équipes social media à la modération proactive et à la lecture des signaux faibles (ton, répétition, coordonnées entre comptes, etc.) ;
  • la mise en place de scénarios de réponse prédéfinis, adaptés à différents types de situations (blague, sarcasme, attaque ciblée, fake news) ;
  • la collaboration avec des outils de veille et des experts en gestion de crise pour réagir avec lucidité et maîtrise.

Par ailleurs, il est important de différencier le troll de la critique légitime. Tout message négatif n’est pas forcément un acte de trolling. Un client déçu ou un abonné en désaccord exprime parfois un retour pertinent qu’il convient d’écouter. La clé est d’évaluer l’intention du message : un troll cherche à nuire, tandis qu’un critique cherche à être entendu. Répondre calmement aux critiques constructives renforce la crédibilité de la marque ; alimenter un troll affaiblit sa réputation.

Enfin, dans les cas extrêmes (notamment ceux où les propos dépassent le cadre du trolling pour entrer dans le champ du harcèlement numérique ou de la diffamation) il est impératif de constituer des captures d’écran et, si besoin, de signaler les faits aux autorités compétentes. En France, des lois encadrent ces comportements (articles 222-33-2-2 du Code pénal sur le cyberharcèlement, par exemple), et la justice peut être saisie.

Gérer les trolls, ce n’est donc pas simplement “faire le ménage” dans ses commentaires : c’est protéger sa communauté, préserver la qualité du débat, et montrer que l’espace numérique peut rester un lieu d’échange sain malgré les tentatives de perturbation. Le silence stratégique, la modération bienveillante et la formation à la communication digitale sont les meilleures défenses contre ceux qui confondent liberté d’expression et nuisance gratuite.

Xavier Deloffre

Xavier Deloffre

Fondateur de Facem Web, agence implantée à Arras et à Lille (Hauts-de-France), je suis spécialiste du Web Marketing, formateur expérimenté, et blogueur reconnu dans le domaine du Growth Hacking. Passionné par le référencement naturel (SEO) que j'ai découvert en 2009, j'imagine et développe des outils web innovants afin d'optimiser la visibilité de mes clients dans les SERPs. Mon objectif principal : renforcer leur notoriété en ligne par des stratégies digitales efficaces et créatives.

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Besoin de visibilité ?

☑️ Experts du référencement

☑️ + de 12 ans d’éxpérience

☑️ + 500 clients satisfaits

☑️ Création de sites

☑️ Audit SEO

☑️ Conseil SEO

☑️ Référencement de sites

☑️ Devis gratuit