Enregistrement DNS TXT : Définition & fonctionnement

Par Xavier Deloffre

Lorsque vous configurez un site web, gérez des e-mails professionnels ou mettez en place des services tiers, il est probable que l’on vous demande d’ajouter un « enregistrement TXT » dans votre DNS. Cette étape, souvent perçue comme purement technique, joue pourtant un rôle essentiel dans la validation de votre domaine, l’authentification d’e-mails et bien plus encore. Pour mieux comprendre à quoi servent ces enregistrements et comment ils fonctionnent, explorons en détail leur définition et leur utilité concrète.

Qu’est-ce qu’un enregistrement DNS TXT ? Définition & petit historique

Un enregistrement DNS TXT (où « TXT » signifie « text ») est un type d’enregistrement dans le système de noms de domaine (DNS) permettant d’associer une chaîne de texte à un domaine. Bien qu’il semble aujourd’hui indispensable à la sécurité et à la configuration de nombreux services numériques, ce type d’enregistrement n’a pas toujours eu l’importance qu’on lui connaît. Pour en comprendre la portée, il est utile de remonter aux origines du DNS et de suivre l’évolution de son usage jusqu’à nos jours.

Aux origines du DNS : Une solution aux limites du fichier hosts.txt

Avant la naissance du DNS tel que nous le connaissons, l’Internet naissant des années 1970 et début 1980 utilisait un simple fichier centralisé nommé hosts.txt, maintenu par le Stanford Research Institute (SRI). Ce fichier contenait une liste de correspondances entre des noms de machines (comme mit.edu) et leurs adresses IP. Rapidement, cette approche montra ses limites en raison de l’expansion du réseau. En 1983, Paul Mockapetris, un ingénieur américain de l’USC Information Sciences Institute, publie deux RFC fondamentales : la RFC 882 et la RFC 883. Il y décrit le Domain Name System (DNS), un système hiérarchique et distribué destiné à remplacer le fichier hosts.txt. Le DNS permet non seulement une résolution efficace des noms de domaine, mais aussi la gestion de différents types d’enregistrements (A, MX, CNAME, etc.).

L’introduction de l’enregistrement TXT : RFC 1035 (1987)

Les enregistrements TXT sont formellement définis dans la RFC 1035, publiée en novembre 1987. Cette RFC, également rédigée par Mockapetris, pose les bases techniques du fonctionnement du DNS moderne. À l’époque, le champ TXT est conçu de manière assez générale : il doit permettre aux administrateurs d’ajouter des informations de texte libre, sans restriction précise d’usage. Les premières utilisations des enregistrements TXT restent marginales et relativement anecdotiques. Ils servent notamment à documenter des configurations ou à ajouter des notes lisibles par les humains. Ce n’est qu’avec la montée en puissance de la messagerie électronique et des préoccupations de sécurité, dans les années 2000, que leur utilité devient plus stratégique.

L’évolution vers la sécurité des e-mails et l’authentification de domaine

À partir du début des années 2000, l’industrie du web commence à s’inquiéter des pratiques de plus en plus répandues de spoofing (usurpation d’identité) et de spam. En 2004, une première réponse émerge avec la publication de la RFC 4408 qui introduit le Sender Policy Framework (SPF). Le SPF utilise le champ TXT pour déclarer les serveurs autorisés à envoyer des e-mails pour un domaine donné.

En parallèle, d’autres technologies apparaissent, utilisant également les enregistrements TXT :

  • DKIM (DomainKeys Identified Mail), proposé par Yahoo! en 2004 puis standardisé en 2007 (RFC 4871), permet de signer les e-mails numériquement et de publier les clés publiques dans des enregistrements TXT ;
  • DMARC (Domain-based Message Authentication, Reporting and Conformance), standardisé en 2015 (RFC 7489), s’appuie sur SPF et DKIM pour définir une politique de traitement des e-mails non conformes.

Avec ces outils, le champ TXT devient un outil incontournable pour la sécurisation des échanges par e-mail. Son adoption est portée par les grandes entreprises du numérique, notamment Google, Microsoft, Yahoo! et Cisco, qui imposent de plus en plus l’usage de ces normes dans leurs systèmes de validation de messages entrants.

Définition moderne et usages contemporains

Aujourd’hui, un enregistrement DNS TXT contient une ou plusieurs chaînes de texte associées à un domaine ou sous-domaine. Il peut être utilisé pour :

  • Vérifier la propriété d’un domaine lors de la configuration de services tiers (Google Workspace, Microsoft 365, AWS, etc.) ;
  • Définir des politiques de sécurité pour les courriels (SPF, DKIM, DMARC) ;
  • Publier des métadonnées techniques (comme des identifiants, tokens ou certificats) ;
  • Faciliter l’intégration de technologies émergentes comme DANE (DNS-Based Authentication of Named Entities) pour la sécurisation des connexions TLS.

Voici un exemple courant d’enregistrement TXT :

exemple.com. IN TXT "v=spf1 include:_spf.google.com ~all"

Dans cet exemple, le champ indique que les serveurs de messagerie autorisés à envoyer des e-mails pour le domaine example.com sont ceux validés par Google. Cette configuration empêche qu’un tiers malveillant n’envoie des courriels frauduleux au nom de ce domaine.

Certains enregistrements TXT sont également utilisés à des fins plus spécifiques, comme :

  • _dmarc.votredomaine.com pour les politiques DMARC ;
  • _acme-challenge.votredomaine.com pour la validation des certificats SSL via Let’s Encrypt ;
  • _github-pages-challenge pour vérifier la propriété d’un dépôt sur GitHub Pages.

Vers l’avenir des enregistrements TXT

Alors que le DNS continue d’évoluer avec l’introduction du DNSSEC (DNS Security Extensions) ou du DoH (DNS over HTTPS), le champ TXT conserve une importance stratégique dans l’écosystème numérique. Sa souplesse en fait un vecteur d’innovation, souvent utilisé pour tester ou déployer de nouveaux standards avant qu’ils ne disposent de types d’enregistrement spécifiques. Toutefois, sa surcharge dans certains cas a conduit à des discussions dans la communauté technique sur la nécessité de mieux structurer son usage.

Comment fonctionne un enregistrement DNS TXT ?

Le fonctionnement d’un enregistrement TXT repose sur un principe fondamental du système DNS : la capacité à associer des données spécifiques, généralement textuelles, à un nom de domaine. Ces données sont ensuite accessibles à tout service ou système qui en fait la demande via une requête DNS de type TXT. Cette méthode, tout à la fois simple et puissante, permet une grande variété d’usages qui vont bien au-delà de la simple identification de serveur de messagerie. Contrairement à d’autres types d’enregistrements DNS, comme les enregistrements A (adresse IP) ou MX (serveurs de messagerie), les enregistrements TXT offrent une très grande flexibilité de contenu. Cette liberté rend leur mise en œuvre à la fois polyvalente et, parfois, sujette à des erreurs si la syntaxe attendue n’est pas strictement respectée.

Dans la pratique, un enregistrement TXT est interrogé via une commande DNS classique (comme dig ou nslookup) par un service externe qui cherche à valider une information, par exemple, un token de vérification, une politique SPF ou une clé DKIM.

Les étapes détaillées du fonctionnement d’un enregistrement TXT

Voici les 5 étapes du fonctionnement d’un enregistrement TXT :

  1. Ajout de l’enregistrement : L’administrateur accède au gestionnaire DNS de son fournisseur (ex. : OVH, Gandi, Cloudflare) pour ajouter un enregistrement de type TXT à la zone DNS du domaine concerné ;
  2. Formatage et validation : Le contenu du champ TXT doit respecter des formats très stricts, souvent dictés par les standards (RFC) ou les services concernés. Une faute de syntaxe rendrait l’enregistrement inopérant ;
  3. Propagation DNS : Comme pour toute modification DNS, un délai est nécessaire pour que l’information se propage à travers les serveurs DNS du monde entier. Ce délai dépend du TTL (Time To Live) configuré ;
  4. Requête DNS : Un service externe (Google, Microsoft, Mailchimp…) interroge les serveurs DNS du domaine pour lire les chaînes TXT publiées. Cela se fait via une simple requête DNS de type TXT ;
  5. Interprétation des données : Une fois la chaîne TXT reçue, le service l’analyse : si le contenu correspond à ce qui est attendu (clé publique, jeton, politique SPF ou DMARC), la vérification ou la configuration est validée.

Les enregistrements TXT sont donc un mécanisme d’échange de données simple mais efficace entre un propriétaire de domaine et un service externe. Cette communication repose sur la confiance et l’ouverture du DNS, mais elle requiert rigueur et précision dans l’implémentation.

Le comparatif des usages des enregistrements TXT

Pour mieux comprendre la diversité des usages et leur finalité, voici un tableau récapitulatif des cas d’utilisation les plus fréquents :

Usage Description
SPF (Sender Policy Framework) Permet de définir la liste des serveurs autorisés à envoyer des e-mails pour un domaine. Le contenu du champ indique les hôtes ou IP valides pour l’envoi de mails sortants.
DKIM (DomainKeys Identified Mail) Contient une clé publique utilisée pour vérifier la signature cryptographique d’un e-mail. Le serveur destinataire peut ainsi confirmer que le message n’a pas été altéré.
DMARC Définit une politique de traitement des e-mails non conformes à SPF ou DKIM. Permet également de recevoir des rapports détaillés sur l’usage de son domaine.
Vérification de domaine Utilisé par des services comme Google Search Console, Microsoft 365 ou Mailgun pour valider la propriété du domaine via un token unique inséré dans un champ TXT.
Let’s Encrypt (DNS-01 Challenge) Lors de la création automatisée d’un certificat SSL, un jeton de validation est déposé dans un champ TXT pour prouver la possession du domaine.
GitHub Pages / Netlify / Vercel Des plateformes de déploiement demandent d’ajouter des enregistrements TXT pour valider la connexion entre un dépôt et un domaine personnalisé.
DANE Permet d’associer un certificat TLS à un domaine via DNSSEC, en publiant un enregistrement cryptographique dans un champ TXT. Encore en phase d’adoption progressive.
Politique de confidentialité ou consignes légales Dans certains cas spécifiques, des informations réglementaires peuvent être ajoutées à un enregistrement TXT, à destination d’outils d’analyse ou d’organismes de régulation.

Quelques considérations techniques supplémentaires

Un enregistrement TXT peut contenir jusqu’à 255 caractères par chaîne, mais plusieurs chaînes peuvent être concaténées pour former une valeur plus longue. Toutefois, certains services n’interprètent pas correctement les chaînes fractionnées, ce qui peut poser problème lors de la configuration d’une clé DKIM longue, par exemple.

Autre point important : le champ TXT est ouvert à tout contenu textuel, ce qui en fait une cible potentielle pour des abus ou des fuites d’informations sensibles si mal utilisé. Il est recommandé de ne publier dans les enregistrements TXT que des données nécessaires et validées par un besoin opérationnel.

Enfin, les enregistrements TXT sont souvent interrogés par des bots et services automatisés plusieurs fois par jour. Une mauvaise configuration peut non seulement générer des erreurs, mais aussi affecter la réputation du domaine auprès des serveurs de messagerie, entraînant des problèmes de délivrabilité des e-mails.

Les cas d’usage et les bonnes pratiques avec un enregistrement TXT

Dans l’univers numérique actuel, les enregistrements DNS TXT ne sont plus de simples artefacts techniques réservés aux spécialistes réseaux. Ils sont devenus des leviers stratégiques pour assurer la transparence, la sécurité, la conformité et l’automatisation de multiples processus métiers. Leur utilisation dépasse aujourd’hui largement le cadre du courrier électronique, touchant aussi bien aux déploiements automatisés qu’à la gouvernance de l’identité numérique des organisations.

L’enregistrement TXT : Un outil polyvalent au service de la transparence numérique

Les entreprises et institutions utilisent les enregistrements TXT comme un canal de communication ouvert vers l’extérieur. Cela permet à des services, des partenaires ou des utilisateurs finaux d’accéder à des informations déclaratives, sans nécessiter de base de données ou d’API spécifiques. Ce paradigme « pull » permet de décentraliser l’information tout en gardant une maîtrise complète sur son émission. Par exemple, dans des contextes où la confidentialité des communications est réglementée (RGPD, ISO/IEC 27001, etc.), certaines organisations publient des identifiants de conformité, des contacts techniques ou des politiques de sécurité directement dans le DNS. Cela permet à des auditeurs ou partenaires techniques de les consulter sans interaction directe.

La montée en puissance des intégrations automatisées

Avec la croissance de l’automatisation dans les déploiements modernes (DevOps, CI/CD, Infrastructure as Code) les enregistrements TXT jouent un rôle central dans l’orchestration et la validation de services cloud. De nombreux outils d’automatisation s’appuient sur des tokens injectés dans le DNS pour valider en quelques secondes la possession d’un domaine, autoriser l’émission de certificats ou déclencher des workflows sécurisés. Ces pratiques sont notamment utilisées dans les déploiements sans contact (zero-touch provisioning), où un sous-domaine est attribué à un produit ou service qui va automatiquement se configurer en lisant une ou plusieurs entrées TXT.

Les bonnes pratiques avec les enregistrement TXT : Au-delà de la configuration basique

Pour exploiter le plein potentiel des enregistrements TXT, plusieurs bonnes pratiques avancées méritent d’être adoptées. Voici un aperçu structuré des recommandations :

Bonne pratique Pourquoi c’est important
Segmenter les sous-domaines Plutôt que d’ajouter tous les enregistrements TXT à la racine, utilisez des sous-domaines dédiés (_acme-challenge, _dmarc, etc.) pour améliorer la lisibilité et éviter les conflits de validation.
Maintenir une documentation DNS interne Conservez un historique des ajouts/modifications pour chaque champ TXT, avec la date, la raison et le contact associé. Cela facilite la maintenance et les audits.
Automatiser la surveillance DNS Utilisez des outils comme DNS Spy, Zonemaster ou même des scripts maison pour surveiller les changements non autorisés dans vos zones DNS.
Limiter les TTL pour les champs temporaires Pour les enregistrements de validation à usage unique (certificats, intégrations), utilisez des TTL courts (300 à 600 secondes) afin d’éviter que les valeurs expirées ne persistent inutilement.
Tester dans un environnement de préproduction Avant d’ajouter un enregistrement TXT en production, testez-le dans une zone DNS miroir ou préprod pour valider la syntaxe et le comportement attendu.
Éviter les redondances et conflits Des valeurs SPF mal combinées ou des clés DKIM doublées peuvent perturber les validations. Un contrôle régulier de cohérence est recommandé.

Vers une gouvernance DNS responsable ? C’est à espérer

Plus l’utilisation des enregistrements TXT s’étend, plus leur gestion devient un enjeu de gouvernance. Il est recommandé d’attribuer la responsabilité du DNS non pas uniquement à l’équipe réseau, mais aussi de l’intégrer dans une vision plus large de l’architecture numérique de l’entreprise, notamment pour des raisons de cybersécurité. Cela inclut donc :

  • La gestion du cycle de vie des enregistrements DNS TXT : Chaque enregistrement TXT doit être traité comme un actif numérique à part entière. Cela implique de suivre son cycle complet — de la création initiale (avec horodatage, motif et responsable), à la modification (notamment lors de changements d’infrastructure ou de prestataire), jusqu’à sa suppression lorsque son utilité a expiré. Il est également essentiel de définir des politiques de renouvellement pour les enregistrements à durée limitée, comme ceux utilisés pour la validation de certificats SSL, afin d’éviter toute interruption de service ou faille de sécurité ;
  • La coordination entre les équipes techniques et métiers : La bonne gestion des champs TXT repose sur une collaboration fluide entre les différents services : l’équipe sécurité qui définit les politiques d’authentification des e-mails, les développeurs ou webmasters qui intègrent les services externes, et l’équipe infrastructure qui gère concrètement les DNS. Sans une communication claire et des responsabilités partagées, les risques de mauvaise configuration, de doublon ou d’obsolescence non détectée augmentent sensiblement. L’utilisation d’outils collaboratifs (tableaux de suivi, tickets de modification DNS) est vivement recommandée ;
  • L’intégration complète dans les politiques de cybersécurité : Les enregistrements DNS TXT sont aujourd’hui directement liés à la sécurité du domaine, notamment à travers les technologies SPF, DKIM, DMARC ou DANE. Il est donc indispensable qu’ils soient pris en compte dans les audits de sécurité internes, les plans de continuité d’activité (PCA) et les exigences de conformité (ISO, RGPD, NIS2, etc.). Leur gestion devrait être encadrée par des processus documentés et alignés avec les politiques de sécurité de l’organisation, incluant notamment le contrôle d’accès aux zones DNS et la surveillance en temps réel des modifications apportées.

En d’autres termes, les champs TXT ne devraient plus être vus comme de simples « boîtes à texte » techniques. Ils sont aujourd’hui des points de contact ouverts, visibles et interprétables par tout l’écosystème numérique global. Leur usage réfléchi participe pleinement à la transparence, à l’automatisation et à la résilience des services en ligne.

Xavier Deloffre

Xavier Deloffre

Fondateur de Facem Web, agence implantée à Arras et à Lille (Hauts-de-France), je suis spécialiste du Web Marketing, formateur expérimenté, et blogueur reconnu dans le domaine du Growth Hacking. Passionné par le référencement naturel (SEO) que j'ai découvert en 2009, j'imagine et développe des outils web innovants afin d'optimiser la visibilité de mes clients dans les SERPs. Mon objectif principal : renforcer leur notoriété en ligne par des stratégies digitales efficaces et créatives.

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